La seule issue de l'amour, c'est le tout
L’amour : expérience de l’unité.
Expérience de l’Un.
Percevoir cet Un en tout, honorer cet Un en tout.
Voilà l’Amour.
Quand le cœur se cristallise sur une forme particulière, il y a limitation.
La seule issue de l’amour, c’est le tout.
C’est seulement en s’adressant au tout que le romantisme se parachève.
La seule issue du romantisme, c’est le mysticisme.
Un mysticisme bien réel, qui honore toutes les formes.
Ainsi, des grands romantiques sont parfois des mystiques qui s’ignorent. La société elle-même, mystique qui s’ignore encore.
La soif d’amour absolu ne peut s’étancher que dans le tout.
L’ouverture pour l’être aimé a vocation à s’étendre à la vie, à la création, au tout.
« ‘‘Lara !’’ chuchota-t-il, les yeux à demi fermés.
Et ce murmure s’adressait à toute sa vie, à toute la terre,
à tout l’espace qui s’étendait devant lui, illuminé par le soleil. »
(Boris Pasternak [1])
« Le rayon m’a fait signe ; mon désir m’est le plus sûr des guides et je suis amoureux de tout, ce matin. » (André Gide [2])
Le tout inclut bien sûr le moi.
Long chemin que d’apprendre à s’aimer :
accepter d’être présent à soi, de se donner de l’attention, sentir ce qui est juste pour soi et y être fidèle. S’honorer.
« J’honore mon propre soi », pilier du shivaïsme, essence du grand mantra Om namah shivaya.
* * *
Ainsi, il n’y a pas d’amour sans conscience : la présence, l’attention, le respect constituent de l’amour.
C’est pourquoi Khalil Gibran disait : « Le travail est de l’amour rendu visible [3]. »
Il n’y a pas non plus de conscience sans amour.
Si le cœur n’est pas un tant soit peu ouvert, il est difficile d’être attentif, présent.
Aimer ce que je fais. (Avant même de faire ce que j’aime).
Plus je prends à cœur ce que je fais, plus je peux être présent et me donner à fond.
Le trait du Pr Jon Kabat-Zinn est notoire : « Il n’y a pas de pleine conscience [mindfulness] sans plénitude du cœur [heartfulness]. »
Pas de présence sans cœur.
[1] Le Dr Jivago, Gallimard - Folio, 1972, p. 442.
[2] André Gide, Les nourritures terrestres suivi de Les nouvelles nourritures, Gallimard - Folio, 1977, p. 172.
[3] Khalil Gibran, Le prophète, Albin Michel, 1990, p. 49.